Loisirs et culture

L'orangeraie: regarder la guerre dans les yeux

L'orangeraie: regarder la guerre dans les yeux

L'Orangeraie Photographe : Gunther Gamper Auteur : Elise Jetté

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L'orangeraie: regarder la guerre dans les yeux

[caption id="attachment_21603" align="alignleft" width="300"] @ Gunther Gamper @ Gunther Gamper[/caption] On dit souvent qu'on comprend sans comprendre vraiment. Lorsqu'on voit la tristesse ou la souffrance, on a le réflexe de dire «je comprends». Mais comprend-on vraiment la douleur exacte d'un ami qui vit une séparation, peut-on vraiment saisir avec précision le vide immense laissé par la perte de quelqu'un, et surtout, peut-on vraiment se mettre dans la peau de ceux et celles qui vivent la guerre? J'ai toujours de grands frissons devant les grandes entrevues où l'on entend le récit d'un attentat. Quelqu'un y était et il nous dit ce qui s'est passé. On peut y penser, le temps que l'interview passe, mais après, il n'en reste rien.

L'orangeraie de Larry Tremblay, paru chez Alto en 2013 est un roman qui se présente comme une réflexion philosophique sur les aberrances de la guerre.

Le Théâtre Denise-Pelletier présente jusqu'au 21 avril l'adaptation théâtrale (faite par Tremblay lui-même) de ce texte d'une infinie poésie, mis en scène par Claude Poissant. Tout ce que l'on y voit nous reste. Dans un pays du Moyen-Orient que l'on garde intentionnellement sans nom, les frères jumeaux Amed ( Gabriel Cloutier-Tremblay) et Aziz ( Sébastien Tessier)  vivent avec leurs parents dans une orangeraie jusqu'à ce qu'un chef de guerre, Soulayed ( Jean-Moïse Martin) demande à leur père ( Daniel Parent) de choisir entre ses deux fils: lequel traversera la montagne remplie de mines, vêtu d'une ceinture d'explosifs, afin d'aller faire exploser le clan ennemi de l'autre côté de la montagne? Un attentat suicide donc. À l'âge de 9 ans. On voit ensuite le fils qui survit, 10 ans plus tard, dans une classe de théâtre où son metteur en scène ( Vincent-Guillaume Otis) lui fait interpréter un enfant également victime de la guerre. [caption id="attachment_21602" align="alignleft" width="300"] @ Gunther Gamper @ Gunther Gamper[/caption] Plus qu'une découverte artistique (impressionnant Gabriel Cloutier-Tremblay), cette pièce nous place sur la corde raide. Devant un enfant qui déplie une ceinture d'explosif et l'enfile pour aller venger sa patrie, on ne peut que frissonner d'effroi. Durant le spectacle, on passe de l'incompréhension totale devant un père qui consent à laisser mourir son enfant pour s'incliner devant Dieu à une compréhension complète de l'anéantissement de ceux qui subissent les actes de guerre. Si la littérature nous fait vivre les évènements, le théâtre nous y plonge froidement, nous coupe le souffle. Atrocement d'actualité, la pièce écrite par Larry Tremblay est un incontournable du printemps. Au Théâtre Denise-Pelletier de Montréal, jusqu'au 21 avril. Billets ici.  
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