Loisirs et culture

And je speak french...

Billet de blogue par
And je speak french...

  Photographe : Coup de Pouce

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Ce n'est pas d'hier qu'on emprunte des mots aux langues voisines. Pudiquement, au début, on leur met des guillemets. Puis on s'enhardit et on leur badigeonne le contour avec de l'italique. Pour finalement,  impérialistes que nous sommes, les annexer carrément. Bienvenue, les sushi, les bistrots, les t-shirts, les ersatz... Et ce n'est d'hier que ça dérange, certains jetant les hauts cris, d'autres s'en amusant.

À preuve, cette chanson doublement tendancieuse de Léo Ferré, qui date de 1962. La langue française C'est une barmaid qu'est ma darling Mais in the bed, c'est mon travelling Mon best-seller et mon planning, c'est mon starter after-shaving J'suis son parking son one man show Son fuel, son king, son slip au chaud Rien qu'un p'tit flash au five o'clock J'paie toujours cash dans l'bondieu scop Et j'cause français, c'est un plaisir C'est ma starlette, ma very good, mon pick-galette, mon Hollywood C'est ma baby au tea for two, c'est ma lady au one two two J'suis son jockey, son steeple-chase, j'sais la driver à la française Dans l'sleeping car after paillasse, à son milk-bar, j'me tape un glass Et j'cause français, c'est un plaisir C'est ma call-girl, ma savourex qu'efface sa gueule à coups d'kleenex C'est ma lucky, c'est ma pall mall, ma camel qui fait ça pas mal Quand c'est OK, on fait l'remake, quand c'est loupé, on fait avec J'lui fais l'mohair et la syntaxe, très rock in chair, je shoote relaxe Et j'cause français, c'est un plaisir C'est une barmaid qu'est ma darling mais in the bed, c'est du forcing C'est du pam pam à chaque coup d'gong C'est plus une femme, c'est un ping-pong Quand je suis out, elle m'sex appeal Et dans l'black out, je smash facile Sur son standing, in extremis, j'fais du pressing au self-service Et j'cause français, c'est un plaisir C'est mon amour, mon coqu'licot Mon p'tit bonjour, mon p'tit oiseau And je speak french, c'est un pleasure.

Évidemment, à titre de réviseur-correcteur, cette pratique m'interpelle et sollicite mon jugement quotidiennement. Généralement, j'essaie d'adopter une attitude pragmatique. Est-ce le mot le plus efficace (ce qui ne veut pas nécessairement dire le plus correct) dans le contexte? Puis-je le remplacer par un autre, plus français, sans avoir recours à une périphrase? Si oui, je le change. Sinon, je le garde. Je pense ici à des mots comme t-shirt, party, al dente, kaizen, ronin... Il reste que l'emprunt lexical suscite des questions et... des inquiétudes. La peur, entre autres, que cela ne soit un pas de plus vers notre totale assimilation à la culture nord-américaine de langue anglaise. Et il faut reconnaître que, contrairement à nos cousins français, que cela ne gêne pas du tout de mâcher du chewing avec les pipeul, nous sommes plutôt frileux à cet égard. Particulièrement les plus vieux d'entre nous (j'en suis), qui ont subi le mépris unilingue des mythiques vendeuses de chez Eaton. Mais je ne veux pas me lancer dans des considérations culturelles ou politiques. Je suis simplement curieux, chères lectrices (et lecteurs), de connaître votre position sur ce sujet. Alors... Êtes-vous pour ou contre? Cela vous dérange-t-il beaucoup, un peu ou pas du tout? Et surtout, donnez-moi des exemples de mots anglais que vous acceptez volontiers ou, au contraire, que vous refusez farouchement. Dans ce dernier cas, indiquez le mot français que vous utilisez.

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