Coiffure

Être une femme qui perd ses cheveux

Billet de blogue par
Être une femme qui perd ses cheveux

  Photographe : iStock

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À moins que vous soyez seule dans une caverne, si vous levez les yeux, je gage que votre regard se posera facilement sur une femme à la chevelure magnifique. Dans l'autobus, au travail, à l'épicerie, sur les  billboards au bord de l'autoroute, sur les pubs de télé, dans les magazines, partout sur internet. Une tignasse digne de téléroman, digne de la fraîchement élue première dame Sophie Grégoire-Trudeau, qui semble avoir en permanence un ventilateur dans les cheveux tant ils tombent parfaitement, dixit ma collègue Élise. (On aurait difficilement vu une femme mal coiffée aux côtés de Monsieur Belle-Tignasse-nouvellement-Premier-Ministre Justin Trudeau, non? On le félicite, par ailleurs.) Comment ne pas les trouver magnifiques? Partout sur la planète, les chevelures fournies, brillantes et en santé sont synonymes de beauté, d'élégance, de professionnalisme et de jeunesse éternelle. À la pharmacie, il y a une rangée complète de produits pour les faire boucler, lisser, briller, lustrer, gonfler, les raidir, les teindre ou les bichonner. D'où l'immense souffrance de les perdre, petit à petit. Dur à croire aujourd'hui, mais à l'adolescence, ma tignasse ressemblait à celle de la  fille ci-haut. Et sans que personne ne puisse l'expliquer, mes cheveux ont commencé à chuter, petit à petit, année après année.  Ils sont en santé, mais ils ne sont juste plus assez nombreux pour me cacher la tête.

Perdre ses cheveux, c'est un traumatisme. Un vrai traumatisme psychologique qui se manifeste de nouveau chaque fois qu'on croise un miroir. Chaque fois qu'on trouve donc ça beau, la coiffure de notre collègue ou ses cheveux qu'elle peut laisser tomber sur ses épaules. Je ne veux pas me plaindre, mais en plus quand on travaille dans un milieu de femmes élégantes comme le magazine,  le choc est brutal. On a tout le temps l'air moins "de mise" que les autres, on finit par s'attacher les cheveux car c'est juste trop difficile de cacher les places tellement clairsemées. Aller chez le coiffeur est gênant, car on se dit: à quoi la peine? Même la plus belle coupe a un effet limité et ne tient jamais en place malgré ses meilleurs efforts pour "créer du volume". Surtout, il n'y a pas grand chose qu'on puisse faire. Il y a un médicament, un seul, le minoxidil, qui offre un maigre espoir si on l'applique en continu deux fois par jour pendant des années... mais dont les effets secondaires peuvent être brutaux (acné, prise rapide de poids, hirsutisme..). Super! Avoir plus de cheveux... mais aussi grossir avec plus de poils au menton. Je passe mon tour.

Sinon, y'a la chirurgie, mais il faut bien un surplus de cheveux pour en transplanter ailleurs. Et pour une perte de cheveux diffuse, le résultat est moins évident. Et à quelques milliers de dollars, faut avoir les moyens. Je me vois mal enfiler une perruque ou une postiche tous les jours. J'ai des amies qui ont dû le faire le temps de subir un traitement pour un cancer ou encore, parce qu'elles sont juives orthodoxes. Peu en vantent les mérites. Ça pique, c'est chaud et c'est rarement naturel comme effet, à moins d'y mettre plusieurs milliers de dollars. À toutes celles qui vivent cette réalité, mon Dieu que j'aurais voulu vous dire que les perspectives sont meilleures qu'elles ne le sont! Que le monde se ralliera à notre cause et qu'il y aura un jour un mouvement pour 'normaliser' l'alopécie comme il en a eu pour l'embonpoint ('Big is beautiful!'). La vérité, c'est qu'il y aurait un certain impératif biologique à trouver beau les cheveux fournis: c'est signe de santé, et par ricochet, de fertilité. On s'en sortira pas, on reste des animaux. Je me suis promenée un peu sur des forums et quelques billets de blogue où on en parle. Vous dire la détresse que j'ai vu dans les paroles des personnes qui sont comme moi. C'est pour ça que j'ai accepté d'en parler ici. Parce que, même si ça ne 'règle' rien, des fois, juste parler de ce qui nous fait du mal, c'est déjà lui donner un peu moins de place dans notre coeur.

Vous vivez la même chose? Vous avez trouvé des solutions? Je vous écoute (et je vous souhaite bon courage).

Pour des inspirations coiffure et des vrais conseils pour cheveux fins, lisez notre dossier Cheveux: trucs et tendances.

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