Sexualité

Renouer avec sa sexualité après un accident

Renouer avec sa sexualité après un accident

iStockphoto Photographe : iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

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Renouer avec sa sexualité après un accident

Renouer avec sa sexualité après un accident ou une maladie est une question de réadaptation. Une forme de rééducation pour retrouver une vie sexuelle épanouissante.


Une personne qui était sexuellement active avant un accident, un traumatisme ou une maladie voudra continuer de l'être après. Mais pour celles qui demeurent avec des incapacités significatives et persistantes, la volonté ne suffit pas toujours. C'est pourquoi le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, à Montréal, a mis en place un modèle d'intervention qui comprend plusieurs volets, dont la physiothérapie, l'ergothérapie, la psychologie et la kinésiologie. La combinaison de ces disciplines permet à la personne de regagner son autonomie pour vivre à la maison, aller au travail, étudier ou tout simplement reprendre ses activités antérieures à sa réadaptation. La sexualité trouve aussi sa place dans le plan d'intervention.
 
Changements physiques, psychologiques et relationnels
 
Après un accident ou une maladie, plusieurs changements surviennent sur le plan physique, psychologique et relationnel.
 
Sur le plan physique...
Lorsque les incapacités physiques sont apparentes, la personne atteinte se sentira fort probablement moins attrayante, moins désirable. La perte de sensations au niveau des organes génitaux et la perte de capacité, de fonction et de réponse sexuelle pour les personnes paralysées à la suite d'une lésion à la moelle épinière constituent des facteurs préoccupants pour elles. Les douleurs, la fatigue ou la médication et ses effets secondaires peuvent aussi entraîner de multiples inquiétudes sur ses capacités de se réaliser sexuellement.
 
Sur le plan psychologique...
Pour une grande partie de la population, les relations sexuelles sont souvent orientées vers la performance. Les séquelles laissées à la suite de l'accident ou de la maladie occasionneront des peurs (rejet, échec, douleur) et une diminution de l'estime de soi et une baisse de désir sexuel. Au lieu de se décourager, la personne handicapée doit apprendre à désamorcer ses peurs, à ne pas les anticiper, à redéfinir ses objectifs érotiques: plaisir, intimité, temps de qualité pour soi et pour le couple, etc.
 
Sur le plan relationnel...
Le couple est souvent mis à l'épreuve lorsqu'un des deux conjoints se retrouve avec des limitations physiques. Les rôles peuvent changer (amants vers soignant/soigné), le sentiment de dépendance apparaît, contribuant à augmenter les frictions et à créer une distance physique et/ou émotive entre les deux conjoints. La communication devient alors essentielle afin que les besoins, les malaises et les peurs de l'un et de l'autre soient exprimés et compris.
 
Peu importe les difficultés rencontrées, elles peuvent être travaillées. Mais encore faut-il trouver un intervenant prêt à parle de sexualité, un sujet qui demeure tabou.
 
Intégrer les pratiques sexuelles
 
Lorsqu'une démarche de réadaptation en déficience physique est entreprise, chaque approche est développée à partir des besoins des individus. Les professionnels peuvent cependant être inconfortables à parler des rapports intimes lorsqu'une personne mentionne son désir d'intégrer sa sexualité à sa nouvelle condition de vie. Le fait que l'usager aborde le sujet avec son intervenant démontre une grande confiance. Il incombe donc à ce dernier de l'accueillir avec ouverture et d'entendre ses besoins, sa souffrance, de réfléchir aux solutions possibles et surtout de ne pas décider de ses besoins à sa place.
 
On compte actuellement moins d'une dizaine de sexologues pratiquant en réadaptation en déficience physique au Québec. Il existe heureusement des stratégies que les cliniciens peuvent utiliser pour pallier le manque d'expertise dans son établissement:
 
  • Développer des stratégies en équipe, travailler en multidisciplinarité;
  • Parler systématiquement du sujet en abordant les changements sexuels possibles au même titre que les autres modifications et questionner l'usager sur cet aspect de sa vie;
  • Oublier qu'il s'agit de sexualité et retourner à la base de l'intervention en réadaptation;
  • Encourager la personne à consulter son médecin;
  • Diriger l'usager, lorsque c'est possible, en sexologie.
  • Les aides techniques à la sexualité
 
Il existe aussi des interventions matérielles telles que les aides techniques (injections intrapéniennes, pompes à vide, garrots péniens, vibromasseurs, lubrifiants) pour stimuler l'érection chez l'homme ou éviter la sécheresse vaginale chez la femme. La médication telle que le Viagra et le Cialis, dont on connaît les vertus, ou les antidépresseurs, qui atténuent les éjaculations précoces, fait également partie des solutions pouvant être proposées par le sexologue.
 
Reprendre le contrôle sur sa vie sexuelle
 
Reprendre le contrôle sur sa vie sexuelle est une responsabilité qui revient en grande partie à la personne atteinte. Elle doit prendre le temps de se réapproprier son corps, de se permettre l'erreur et d'accepter que tout ne se passera peut-être pas comme prévu. Elle doit également prévoir un plan B, être flexible et user de créativité et d'humour. La tenue d'un journal de bord peut devenir un outil fort utile qui l'aidera à mieux se connaître et à identifier les moments où elle sera plus propice aux rapprochements.
 
Il faut aussi comprendre que le plaisir n'est pas exclusivement synonyme de pénétration et d'orgasme. L'intimité, la séduction, l'exploration et la communication (avant, pendant et après l'acte sexuel) sont aussi des moyens qui augmenteront la satisfaction sexuelle de part et d'autre dans le couple.
 
  
 
 

 

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