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La saison des allergies

La saison des allergies

Auteur : Coup de Pouce

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La saison des allergies

Les allergies saisonnières nous rendent la vie misérable? Voici ce qu'on doit savoir pour ne pas souffrir tout l'été.

Bon an, mal an, environ 20 % des Québécois souffrent de rhinite allergique, communément appelée allergies saisonnières ou rhume des foins. Mais nul n'est condamné à souffrir en silence! Réponses et solutions.

Q.: Quelles sont les causes des allergies saisonnières?

R.: «Ces allergies respiratoires sont habituellement causées par des pollens, parfois par des moisissures», explique le Dr Michel Petit, omnipraticien à la Clinique d'allergie. Lorsque ces pollens sont relâchés dans l'atmosphère et s'infiltrent dans les voies respiratoires des personnes allergiques, ils sont perçus par leur système immunitaire comme un ennemi à combattre. «Une allergie est une réaction anormalement forte de l'organisme à un élément bénin, comme le pollen, précise le Dr Jacques Hébert, chef du service d'immunoallergie du Centre hospitalier universitaire de Québec et directeur du Centre de recherche appliquée en allergie de Québec. Se sentant menacé, le système immunitaire se défend en produisant des anticorps, qui se collent aux muqueuses du nez, de la gorge et des bronches et suscitent la libération de différents médiateurs, dont l'histamine.» Ces médiateurs sont responsables de la réaction inflammatoire et des symptômes de la rhinite allergique: congestion des sinus, écoulement nasal, éternuements, toux, irritation de la gorge, difficultés respiratoires, larmoiement, maux de tête et démangeaisons. Ce qui peut ressembler à un rhume. «Si les symptômes durent plus de sept à dix jours, on souffre sûrement d'allergies, note le Dr Michel Petit. Les symptômes dureront tant que l'allergène est présent dans l'air - ce qui peut durer des semaines, parfois des mois.»

Q.: Pourquoi certaines personnes développent-elles des allergies et d'autres non?

R.: Les spécialistes n'ont pas d'explication certaine. Le pollen est une substance inoffensive pour l'organisme, et on ne comprend pas pourquoi le système immunitaire s'acharne parfois à le combattre. «On sait qu'il y a une composante génétique», assure toutefois le Dr Michel Petit. Si un des parents souffre d'allergies, les probabilités que l'enfant en souffre également sont de 30 à 40 %, mais ce ne seront pas nécessairement les mêmes allergies. Lorsque les deux parents sont allergiques, les risques grimpent à 80 %. Il y a aussi un facteur environnemental: pour développer une allergie, on doit être exposé à l'allergène. «C'est la combinaison de ces deux facteurs qui entraîne le développement des allergies», ajoute le Dr Jacques Hébert. Mais cela n'explique pas tout: pour le reste, on n'en est encore qu'aux théories.

Q.: Comment savoir à quoi je suis allergique?

R.: «On doit d'abord être attentif au moment où se déclenchent nos allergies», dit le Dr Petit. Au Québec, il y a trois principales périodes d'allergies saisonnières. «On peut être sensible à un seul type de pollen, mais aussi à deux ou trois», note le Dr Hébert. Ces trois périodes sont:

  • d'avril à mai: allergies causées par le pollen de certains feuillus (bouleau, chêne, aulne, orme d'Amérique, etc.);
  • de mai à juillet: allergies dues au pollen des graminées (gazon, foin, seigle, blé, maïs, etc.);
  • de la fin juillet jusqu'aux premières gelées: allergies suscitées par des plantes herbacées (dont l'herbe à poux).


Pour connaître la cause exacte de nos allergies, il faut subir un test cutané. «On dépose une goutte de différents allergènes sur l'avant-bras et on fait une petite égratignure sur la peau. S'il y a une réaction (rougeur, boursouflure ou démangeaison) à l'une de ces substances, la personne y est allergique», explique le Dr Petit. Pour passer ces tests, on doit être dirigé par son médecin vers un allergologue, un otorhinolaryngologiste, un pneumologue ou un dermatologue. Si on est prête à couvrir les coûts, on peut aussi se tourner vers une clinique privée - comme la Clinique d'allergie -, sans avoir besoin d'une recommandation de notre médecin.

Q.: Les allergies saisonnières peuvent-elles entraîner des conséquences plus sévères?

R.: «La rhinite allergique n'est pas aussi banale qu'elle en a l'air», assure le Dr Hébert. En plus d'avoir un impact important sur la qualité de vie, les allergies non traitées peuvent entraîner diverses complications: sinusite, conjonctivite, otite, bronchite, difficultés respiratoires et asthme. «Elles peuvent aussi susciter des problèmes de sommeil, notamment, poursuit le spécialiste. Si on n'arrive pas à dormir parce qu'on est congestionné et qu'on tousse sans arrêt, on fonctionne mal pendant la journée. D'ailleurs, la rhinite allergique est l'une des premières causes d'absentéisme à l'école et au travail.»

Q.: Comment traiter mes allergies?

R.: Parfois, les allergies disparaissent d'elles-mêmes sans qu'on sache pourquoi, mais il n'existe aucun traitement pour en guérir. Les médicaments peuvent néanmoins soulager les symptômes et prévenir les complications. Ceux en vente libre soulagent la plupart des personnes atteintes d'allergies légères. Les plus courants, les antihistaminiques, bloquent la production d'histamine, prévenant ainsi l'apparition de plusieurs symptômes comme l'écoulement nasal et les éternuements. «On peut les prendre chaque jour ou au besoin. Ils soulagent pour une période plus ou moins longue», dit le Dr Hébert. On s'informe auprès de notre médecin ou pharmacien pour trouver la marque qui nous convient et connaître les effets secondaires (certains peuvent causer de la somnolence). Si on est encore congestionnée, on peut utiliser un décongestionnant de façon ponctuelle. Mais attention: les décongestionnants peuvent entraîner de l'insomnie et de l'anxiété, et sont déconseillés aux personnes souffrant d'hypertension ou de maladie cardiaque. De plus, on ne doit jamais les employer plus de trois jours d'affilée, sous peine de développer une dépendance au produit et d'aggraver la congestion.

Q.: Quand dois-je consulter un médecin?

R.: On le fait si notre condition est grave (des problèmes respiratoires, par exemple) et nous empêche de fonctionner normalement, si les antihistaminiques sont inefficaces ou que leurs effets secondaires nous incommodent. Le médecin pourra alors nous proposer des médicaments sous ordonnance, comme des corticostéroïdes sous forme de vaporisateur nasal. En plus d'atténuer les symptômes, ils réduisent l'inflammation causée par les rhinites allergiques. «On les utilise de façon préventive. Il vaut donc mieux commencer le traitement avant l'apparition des allergies et prendre ces médicaments régulièrement, pendant toute la durée des allergies», explique le Dr Hébert. Il faut souvent attendre quelques semaines avant d'en ressentir les effets bénéfiques, mais ils sont généralement très efficaces. «Toutefois, ils assèchent les muqueuses et peuvent provoquer des saignements de nez», mentionne le Dr Petit.

Q.: La désensibilisation est-elle à envisager?

R.: Si on souffre d'allergies sévères, le médecin pourrait proposer une immunothérapie ou une désensibilisation. «C'est une série d'injections régulières de l'allergène, de doses croissantes. À long terme, le traitement permet de modifier les réactions de l'organisme et de réduire la sensibilité à l'allergène ciblé, explique le Dr Petit. On doit commencer le traitement à l'hiver ou au printemps, avant le début des allergies.» Dans les cas les plus bénins (allergie unique), un traitement de neuf semaines peut suffire. Cependant, le processus est généralement beaucoup plus long: des injections une fois par semaine pendant cinq à six mois, puis une fois par mois durant trois à cinq ans. «Si nos allergies sont sévères, cela vaut tout de même la peine, dit le Dr Hébert. Chez 80 à 85 % des gens, les symptômes diminuent grandement et deviennent plus faciles à contrôler, et dans 20 % des cas, ils disparaissent complètement. La désensibilisation est une forme de prévention: ce n'est pas une réponse immédiate aux symptômes, mais un traitement à long terme. Si on souffre d'asthme allergique, entre autres, l'immunothérapie est à considérer, car elle permet de le prévenir.»


Q.: Existe-t-il des solutions alternatives efficaces?

R.: Il y en a peu. Quelques recherches ont prouvé qu'un lavage régulier des narines par injection d'une solution saline (diluer 2 ml de sel dans 250 ml d'eau chaude) aide à prévenir l'inflammation et à réduire les symptômes en empêchant le pollen d'entrer dans les voies respiratoires. Quant à l'homéopathie, à l'acupuncture et aux traitements aux extraits de plantes naturelles, «peu d'études prouvent que ces méthodes pourraient être efficaces», dit le Dr Hébert.

 

Q.: Que puis-je faire pour minimiser mes symptômes?

 

R.: «La première solution consiste à réduire le contact avec l'allergène, soutient le Dr Hébert. Mais on ne peut pas vivre dans une bulle de verre: il est quasi impossible d'éviter totalement l'allergène puisqu'il se trouve dans l'air!» On peut quand même prendre quelques précautions:


À l'extérieur:

  • On s'informe de la concentration de pollen dans l'air afin de mieux planifier nos activités. Plusieurs journaux ainsi que MétéoMédia www.meteomedia.com diffusent quotidiennement les prévisions de concentration de pollen.
  • On prend nos médicaments quelques heures avant de sortir. On réduira ainsi les symptômes.
  • On limite nos sorties en matinée. C'est pendant cette période que la plupart des végétaux libèrent leur pollen.
  • On évite les longues promenades les jours secs et de grand vent, car la concentration de pollen dans l'air est alors plus élevée. On sort après les averses: la pluie rabat le pollen au sol.
  • On porte des lunettes de soleil bien couvrantes. Elles protègent les yeux et limitent les irritations oculaires. On évite de porter nos lentilles cornéennes (ou on choisit la version jetable): le pollen peut s'y coller et irriter les yeux.
  • Après une sortie au grand air, on se douche, on lave nos cheveux et on change de vêtements afin de ne pas retenir de pollen sur soi.
  • On roule les fenêtres fermées. S'il fait trop chaud, on privilégie l'air climatisé.
  • On délègue la tâche de tondre le gazon. Si on doit le faire nous-même, on porte un masque protecteur.


À l'intérieur:

On ferme les fenêtres. Au besoin, on s'équipe d'un climatiseur et d'un filtre à air (qu'on garde bien propre).

On se débarrasse de nos tapis. Si on veut absolument les garder, on passe l'aspirateur aussi souvent que possible.

On ne lésine pas sur le ménage. On balaie, on époussette et on lave nos vêtements et le linge de maison à l'eau chaude régulièrement. On shampooine aussi Fido et Minet.

On utilise la sécheuse ou on étend nos vêtements à l'intérieur. On évite de les faire sécher sur la corde à linge: ils pourraient devenir un nid à pollen. Si on ne peut s'y résigner, on les fait au moins culbuter dans la sécheuse pendant quelques minutes à haute température, afin de détruire le pollen qui s'y est déposé.

Pourquoi y a-t-il plus d'allergies? Au cours des trente dernières années, le nombre de personnes souffrant d'allergies, toutes natures confondues, a doublé au Canada et dans la plupart des pays industrialisés. Pourquoi? Plusieurs théories ont été mises de l'avant, dont celle voulant que les allergies sont mieux diagnostiquées aujourd'hui. «L'hypothèse hygiénique est la plus considérée présentement, explique le Dr Hébert. Depuis quelques dizaines d'années, l'hygiène est de plus en plus importante et les antibiotiques se sont répandus. Les jeunes enfants sont moins exposés aux microbes, ce qui retarde la maturation de leur système de défense.» D'autres causes possibles: la modification de nos modes de vie ainsi que certains facteurs environnementaux, comme l'utilisation accrue de produits chimiques. Finalement, les changements climatiques sont montrés du doigt, surtout en ce qui concerne l'herbe à poux, responsable des allergies chez 17,5 % de la population. Une saison chaude plus longue stimule la pousse des plantes, donc la production de pollen. De plus, l'herbe à poux pousserait mieux et libérerait plus de pollen dans les zones à forte concentration en CO2. On prédit donc qu'il y aura encore plus de cas d'allergie à l'herbe à poux dans le futur, surtout en région urbaine.

 

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