Nutrition

Les aliments fonctionnels valent-ils qu'on paye plus cher?

Les aliments fonctionnels valent-ils qu'on paye plus cher?

iStockphoto Photographe : iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

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Les aliments fonctionnels valent-ils qu'on paye plus cher?

Renforcement du système immunitaire, baisse de cholestérol ou bonne santé des os: les aliments fonctionnels affichent de belles promesses… et un prix plus élevé. Valent-ils la peine qu'on paye plus cher?

Les aliments fonctionnels et enrichis sont de plus en plus nombreux sur nos tablettes. « Pour le consommateur, faire son épicerie devient un vrai casse-tête! » remarque Marie-Josée Leblanc, nutritionniste à Extenso, centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal.

Il n'est pas évident de s'y retrouver à travers toutes les allégations « santé » affichées sur ces produits, qui sont aussi souvent plus chers. Faut-il absolument acheter le jus d'orange enrichi au calcium ou les œufs oméga 3 pour le bien-être de son enfant? Pas nécessairement, répond Mme Leblanc. « On a tendance à oublier que la base d'une saine alimentation comporte le moins d'aliments transformés possible. » Elle suggère donc d'aller chercher les nutriments à leur source.

Pour combler des besoins spécifiques

La diététiste Charlotte Geroudet conseille pour sa part des aliments enrichis aux personnes qui ont des besoins particuliers et qui, pour des raisons de goût ou d'allergie, ne peuvent aller chercher les nutriments dont ils ont besoin à la source. Elle pense, par exemple, à une femme souffrant d'ostéoporose, ayant besoin d'apports importants en calcium et qui est intolérante aux produits laitiers. Cette dernière aura intérêt à se tourner vers d'autres produits enrichis en calcium. 

À moins d'avoir des besoins particuliers, comme les personnes âgées ou les athlètes, des problèmes de santé chronique ou des allergies, une alimentation variée suffit à combler nos besoins journaliers, insiste Marie-Josée Leblanc. « Peut-être que les aliments enrichis donnent bonne conscience aux consommateurs », avance Jean-Philippe Laperrière, doctorant en sociologie à l'UQAM et dont la thèse porte, entre autres, sur le discours du « bien manger » dans les médias. Dans une société où l'on prône des habitudes saines, il peut être rassurant de se tourner vers des produits qui s'affichent « bons pour la santé ».

Le chercheur reste critique vis-à-vis de la multiplication des aliments fonctionnels. « Je ne suis pas certain de savoir à qui ça profite. À l'industrie ou au consommateur? », s'interroge-t-il. On peut en effet se poser la question, compte tenu leur prix en général plus élevé. « Il y a beaucoup d'investissement dans la recherche pour élaborer ces produits », rétorque Paul Paquin, professeur et chercheur à l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF). « On parle d'environ 100 000 $ par étude », dit-il. Il est donc normal, que le prix de ces produits soit plus élevé, selon lui.

Attention aux dérapages

Sociologue, chercheur et nutritionnistes s'entendent pour dire qu'il y a, en ce moment, une demande du consommateur pour une alimentation ayant des effets bénéfiques sur la santé. Or cette tendance ne doit pas entraîner de dérapages. « Il faut être vigilant à ce que la matrice reste un aliment de base », soutient Paul Paquin. Des bonbons ou des croustilles enrichies n'auraient aucun sens pour lui.

Il ne faut également pas perdre de vue que les aliments fonctionnels ne sont pas des aliments magiques que tous doivent consommer. Si on mange de la margarine enrichie aux stérols végétaux pour faire baisser son cholestérol, on doit aussi avoir une alimentation riche en fibres et faible en viande, en plus d'avoir une activité physique régulière et d'arrêter de fumer, affirme la diététiste Charlotte Geroudet. Et ne pas penser que les stérols peuvent remplacer les statines, un médicament couramment utilisé pour abaisser le cholestérol

« Il y a une préoccupation chez les professionnels et les nutritionnistes quant au surdosage que pourraient induire les aliments enrichis », avance également Marie-Josée Leblanc. C'est pourquoi, selon elle, il est important de ne pas les choisir systématiquement. « Il faut revenir à la simplicité. À la base, ce n'est pas compliqué de bien manger », conclut-elle.

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