Nutrition

Ça veut dire quoi, bien manger?

Ça veut dire quoi, bien manger?

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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Ça veut dire quoi, bien manger?

Des fruits et des légumes, pas trop de gras, de sel, de sucre… Bien manger, c’est quoi? On a posé la question à un chef, une nutritionniste, un médecin et quelques autres. Voici leurs réponses.

Bien manger, selon le Guide alimentaire canadien, c'est calculer les portions des aliments qu'on met dans notre assiette tout en veillant à intégrer chacun des quatre groupes alimentaires. Tout ça dans le but d'atteindre - et de ne pas excéder - les quantités quotidiennes recommandées. Ce qui semble si simple en théorie se complique toutefois en pratique pour toutes sortes de raisons: de temps, d'argent, de santé, d'éducation... On a posé la question «Qu'est-ce que ça veut dire, bien manger?» à des gens de différents milieux. Leurs réponses sont aussi variées que leurs horizons.

 

Dr Gaétan Brouillard, médecin spécialisé en médecine fonctionnelle et préventive et auteur de La Santé repensée

«Les aliments ont un impact jusqu'au plus profond de nos cellules, car ils agissent sur nos gènes. On doit arrêter de se fier aux médicaments pour traiter nos maux et maladies et se tourner plutôt vers une alimentation saine, variée, équilibrée et qui possède des propriétés anti-inflammatoires. Mes propres habitudes alimentaires? Une bonne quantité de légumes et de fruits frais de toutes les couleurs, des poissons, des viandes maigres, des céréales complètes (sans gluten, le plus possible), des huiles, des oeufs, du fromage, du yogourt... et du bon vin. J'évite les excès, je mange souvent de petites quantités (jusqu'à six fois par jour) et je bois beaucoup d'eau. Puis, j'évite le verre de jus d'orange du matin, qui est une charge glycémique beaucoup trop élevée pour le corps et qui nous fait partir la journée du mauvais pied.»

 

Nicole Beaulieu, cuisinière en CPE

«Bien manger, c'est se nourrir de façon équilibrée en mettant dans nos assiettes des aliments des quatre groupes alimentaires, en privilégiant les produits non transformés et en réduisant au minimum les apports en sel, en sucre et en gras trans. À notre CPE, nous avons opté pour une cuisine végétarienne de façon à accommoder les enfants qui proviennent de différentes cultures et religions (et qui ne mangent pas de porc, par exemple), mais nous avons vite réalisé que c'est un choix très santé, qui inclut des fruits et des légumes de l'entrée jusqu'au dessert et qui fait découvrir de nouveaux aliments aux enfants, comme le tofu, le quinoa et les pois chiches. Et puis comme bien manger, ça se fait aussi avec les yeux, nous varions les façons d'apprêter les aliments et nous rendons nos plats attrayants avec beaucoup de couleurs.»

 

Jacqueline Lagacé, professeure retraitée en microbiologie et immunologie de l'Université de Montréal et auteure du best-seller Comment j'ai vaincu la douleur et l'inflammation chronique par l'alimentation

«Pour moi, bien manger signifie se faire plaisir en mangeant des aliments qui flattent notre palais et qui respectent notre physiologie et nos caractéristiques génétiques personnelles. Il s'agit de choisir des aliments que nous aimons et qui nous apportent tous les nutriments dont nous avons besoin pour bénéficier d'un esprit sain dans un corps qui fonctionne le mieux possible et sans douleur. Personnellement, je base mon alimentation sur des légumes variés, quelques fruits, certaines céréales complètes - en évitant les excès de gluten -, des légumineuses qui me conviennent et un peu de viande cuite à basse température. J'évite les aliments qui me font du tort, soit en raison d'intolérance personnelle, soit parce que certains aliments sont tout simplement néfastes pour la santé de tous, comme le sucre raffiné, les excès de sel, les gras trans, les aliments génétiquement modifiés (OGM) et la plupart des aliments transformés par l'industrie.»

 

Fannie Dagenais, nutritionniste et directrice générale de l'organisme ÉquiLibre

«Pour trop de gens, bien manger est devenu synonyme de privation. Pourtant, il n'est pas nécessaire de compter ses calories ou de se priver des aliments qu'on aime. Ce n'est pas la solution pour manger mieux ou contrôler son poids. Au contraire, la privation mène souvent à l'excès, ce qui fait obstacle à l'adoption de saines habitudes alimentaires, en plus de faire vivre de la frustration et de la culpabilité. Pour moi, bien manger, c'est nourrir mon corps, cette merveilleuse machine qui me permet de me réaliser au quotidien. Mais ce n'est pas tout: c'est aussi avoir du plaisir en savourant une variété d'aliments, en suivant mes préférences, en découvrant de nouvelles saveurs et en partageant de bons moments en famille ou entre amis. Évidemment, on ne peut pas manger parfaitement à tous les repas. Le quotidien nous rattrape parfois, et il arrive qu'on mange sur le pouce ou que certains repas soient moins équilibrés. L'important, dans ces moments-là, c'est d'éviter de se culpabiliser, parce qu'il faut viser l'équilibre plutôt que la perfection!»

 

Julie Roy, naturopathe agréée et biologiste de formation

«Manger sainement, c'est se rapprocher le plus possible de ce que la nature nous offre en choisissant des aliments frais, en intégrant divers aliments de source végétale et, pour les nonvégétariens, en privilégiant des produits animaux qui sont biologiques, sans antibiotiques et sans hormones. On évite, par le fait même, tout ce que la nature ne nous offre pas, comme les aliments transformés, ceux contenant des gras trans, du sucre raffiné, du sel en excès, des additifs alimentaires (agents de conservation, colorants artificiels), etc. Pour moi, la notion de plaisir et de conscience lors des repas est également essentielle: je suis persuadée que manger avec plaisir et en toute conscience nourrit mieux les cellules de notre corps!»

 

Jacynthe René, comédienne et auteure du livre Vive la détox gourmande

«La nourriture est ce qui alimente en énergie la machine qu'est le corps. Mes repas sont une source d'énergie, pas de lourdeur. Je mange pour nourrir mon organisme et non pour l'encombrer. Pour ça, je favorise des aliments hyper nutritifs, sans lactose, sans gluten et sans produits d'origine animale, qui sont faciles et rapides à digérer et qui nourrissent mon corps proprement. Mais je m'oppose à toute forme de régime, de diète ou de comptage de calories.»

 

Stéphanie Côté, nutritionniste chez Extenso, le Centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal

«Pour la femme et la nutritionniste que je suis, bien manger, c'est manger bon et bien en alliant le plaisir et la santé. Je prends plaisir à bien manger, mais sans en faire une religion ou une obsession et, surtout, sans essayer de tout contrôler... parce que l'alimentation est parfaite avec ses imperfections! Je prends aussi le temps d'apprécier le repas (savourer) et le moment (partager, au sens large) et je cuisine la majeure partie de ce que je mange. Cela contribue grandement au partage et à l'effet rassembleur des repas.»

 

Julien Biboud, athlète de haut niveau passionné de courses d'endurance

«Les sportifs de haut niveau n'ont d'autre choix que de compter leurs calories et de surveiller leur apport en glucides, protéines, vitamines et minéraux, afin de s'assurer d'un apport énergétique proportionnel à la dépense. En nutrition sportive, tout est question de timing. Bien manger, c'est savoir quoi manger à quel moment, parce que l'alimentation peut servir la performance, mais elle peut aussi causer une contre-performance: avaler un plat de pâtes la veille d'une course ou d'une compétition, c'est bien, mais pas avant un entraînement intense, par exemple. Bref, on surveille ce qu'on mange pour ne pas accumuler de masse graisseuse, mais on ne veut pas manquer d'énergie non plus.»

 

Arnaud Marchand, chef et propriétaire de Chez Boulay, bistro boréal

«Manger ne doit pas être fait par nécessité, mais par plaisir. Bien sûr, on doit varier les aliments que l'on consomme pour atteindre un équilibre nutritionnel, mais il faut surtout retirer du plaisir en les mangeant. Je ne m'explique pas qu'on puisse manger par obligation sans satisfaire sa gourmandise. Intégrer le chou kale dans son alimentation pour une question de santé, alors qu'on n'aime pas ça ou engouffrer une barre protéinée avant d'aller faire du sport, je ne comprendrai jamais ça!»

 

Julia Csergo, professeure responsable du certificat en gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie à l'UQAM et responsable scientifique pour l'inscription, en 2010, de la gastronomie française au patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO

«Selon moi, bien manger ne renvoie pas seulement à la gastronomie, cet art dit de "bien manger". La qualité alimentaire va bien au-delà des aspects techniques, économiques et juridiques, tels que les normes de production, les certifications et les marques, par exemple. Cette notion intègre également des valeurs: celles du "bien" et du "bon", des impératifs de santé publique, des préoccupations environnementales et d'accessibilité de la nourriture, mais aussi le plaisir, le lien social, la convivialité ainsi que les identités culturelles.»

 

Elsa Bouffard, responsable de la soupe populaire à la Maison de Lauberivière à Québec

«Bien manger signifie pour certains arriver à manger un repas dans leur journée. Notre organisme offre des repas aux gens démunis pour répondre à leur besoin primaire de se nourrir, mais ça nous permet en même temps de créer des liens avec chacun d'eux. Ensemble, on profite des repas pour discuter, échanger, socialiser... et c'est très enrichissant pour tout le monde!»

 

Laure Waridel, écosociologue, cofondatrice d'Équiterre et auteure de L'Envers de l'assiette

Et quelques idées pour la remettre à l'endroit «La définition d'une saine alimentation va de pair avec mes convictions. Je n'accorde pas seulement une valeur nutritive ou de goût aux aliments, je pense aussi aux impacts environnementaux et sociaux de mes choix alimentaires. Chaque fois que je mange, je vois une occasion de tisser des liens avec mon milieu, tant humain que géographique, et d'avoir une incidence sur le genre de monde dans lequel je souhaite vivre. Je veux connaître les gens qui me nourrissent, que ce soit mon boulanger, mon torréfacteur ou mon agriculteur. Leurs histoires, je les trouve belles et elles rendent encore plus savoureux les aliments que je mets dans mon assiette. En tant que consommateurs, nous devons réaliser que nos choix alimentaires sont l'occasion d'avoir un impact positif sur la planète, de contribuer à l'établissement d'une agriculture et d'un système alimentaire plus durables et plus sains. C'est nous faire un cadeau que d'amener des choix éthiques dans notre alimentation, notamment en ce qui a trait aux animaux et à leurs conditions d'élevage.»

 

Philippe Mollé, critique culinaire et collaborateur au Devoir

«Bien manger représente avant tout un état d'esprit et la convivialité. Tout est relié aux conditions sociales, à la culture, aux cultures religieuses et à l'éducation reçue. On peut bien manger en nourrissant son corps par habitude et par nécessité; on comble ainsi un effet de satiété. Par contre, une personne éduquée et qui est en moyens choisira aussi son alimentation sur des principes de santé et de bienêtre. Pour ma part, étant allé dans le monde entier, bien manger signifie avant tout manger tous les jours à sa faim, avec convivialité et dans le partage.» 

À lire aussi: 6 tendances alimentaires à surveiller 

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