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5 expertes en faveur de l'équité salariale

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5 expertes en faveur de l'équité salariale Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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5 expertes en faveur de l'équité salariale

Que faudrait-il pour que les femmes soient payées à leur juste valeur? Cinq expertes se prononcent.

«Je pense qu'on devrait promouvoir la diversification des emplois pour les femmes, notamment en sciences. Malheureusement, des compressions comme celle survenue dans le programme Chapeau, les filles! n'aideront pas la cause! Mais, avant tout, un travail de sensibilisation doit être fait. On doit déboulonner le mythe selon lequel l'équité est atteinte. Plusieurs jeunes le croient, mais c'est faux. Oui, l'écart salarial a diminué au fil des ans, surtout dans les milieux syndiqués, qui appliquent sans doute davantage la Loi sur l'équité salariale, mais le fossé persiste. Le marché de l'emploi est ségrégué: un quart des professions sont majoritairement féminines, et ce sont généralement les moins bien payées. Les femmes travaillent en outre environ quatre heures et demie de moins par semaine que les hommes, et ce sont elles qui travaillent le plus à temps partiel.» - Kim Paradis, consultante en rémunération et experte en équité salariale.

«Une des solutions serait une meilleure reconnaissance de certaines caractéristiques plus associées aux femmes, comme la courtoisie, l'empathie, l'écoute... Elles ont pourtant une valeur, au même titre que la force physique. Imaginez une réceptionniste bête comme ses pieds: elle ne ferait sûrement pas long feu! La plupart des méthodes d'évaluation officielles des salaires en fonction des emplois ont été instaurées durant les années 50, alors que les femmes n'existaient pratiquement pas sur le marché du travail; ce sont donc des professions et des caractéristiques masculines qui ont été évaluées. Puis, quand les femmes sont entrées sur le marché du travail, les emplois qu'elles occupaient étaient évalués en fonction desdites caractéristiques. Résultat: ces professions "valaient" moins cher.» - Marie Rinfret, présidente de la Commission de l'équité salariale.

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«L'une des solutions? Avoir davantage de modèles féminins occupant des postes décisionnels. Mais il y a beaucoup de travail à accomplir encore avant qu'il soit aussi naturel à nos yeux de voir une femme à la tête d'une grande entreprise qu'un homme. Il y a trois ans, on a mené une recherche auprès de 8000 étudiants au MBA à travers le monde. On s'est rendu compte que, pendant l'année qui suivait la fin de leurs études, les finissants gagnaient en moyenne 4000$ de plus que les finissantes. Au Canada, cet écart était de 8000$. On n'a pas étudié les raisons qui expliquent cette différence, mais je sais qu'on blâme souvent les femmes d'être de piètres négociatrices. Personnellement, je suis tannée d'entendre cette excuse. On est tous concernés par le problème de l'iniquité salariale. Et il n'est pas seulement relatif à la rétribution. Par exemple, au sein des entreprises dans lesquelles on trouve des écarts de salaires, les femmes se voient aussi souvent offrir des projets moins intéressants que ceux proposés aux hommes. Les hommes bénéficient en plus d'un budget deux fois plus élevé pour ces projets et reçoivent donc davantage de reconnaissance de la part de leurs supérieurs. Bref, une différence de salaires, surtout en début de carrière, handicape les femmes tout au long de leur cheminement professionnel. C'est souvent une question de culture au sein des organisations. Les entreprises canadiennes sont généralement ouvertes et veulent être équitables. Mais, quand vient le temps de poser des actions, c'est plus difficile.» - Alex Johnston, avocate et directrice de Catalyst Canada, un organisme à but non lucratif dont l'objectif est d'accroître la place des femmes dans le milieu des affaires, d'informer ce dernier et de le sensibiliser à l'importance d'égaliser les chances d'avancement chez les femmes.

«Les femmes doivent cesser d'avoir peur: peur de l'échec, de décevoir, de ne pas être à la hauteur... Peur de réclamer ce à quoi elles ont droit. Si je ne me trompe pas, les femmes demandent en moyenne un salaire 30% moins élevé que ce que réclament les hommes. (NDLR: Selon l'économiste américaine Linda Babcock dans son livre Women Don't Ask). Pourtant, je le sais par expérience, les femmes sont souvent des gestionnaires et des femmes d'affaires hors pair. Je vois des centaines de talents se gaspiller ou ne pas s'exprimer à cause d'un manque de confiance, mais aussi à cause de ce tabou qui entoure les salaires et l'argent en général. Pourtant, sans argent, pas d'accès aux soins, à l'éducation, à la culture... Ma mère m'a toujours enseigné que l'argent, c'est comme de l'énergie, il est important d'en avoir, et il doit circuler.» - Eliane Gamache Latourelle, entrepreneure et auteure de La jeune millionnaire et les secrets - parfois tristes - de son succès (Un monde différent, 2014) On doit être créatif, trouver de nouveaux modèles. Par exemple, si les congés parentaux pouvaient être pris à temps partiel, cela éviterait aux femmes de rester en retrait du monde du travail trop longtemps. C'est très ancré dans les mentalités qu'elles doivent rester à la maison à l'arrivée de bébé. Souvent, les couples n'en discutent même pas; c'est entendu tacitement. Il y a du travail à effectuer en ce sens. Il y a aussi le fait qu'hommes et femmes ne se dirigent pas vers les mêmes secteurs d'emplois, et que les professions dans lesquelles les femmes sont majoritaires sont moins payées. Ces emplois doivent être mieux reconnus, mais on doit aussi promouvoir la diversification des emplois pour les femmes. Et nous pensons que ça commence par l'éducation. D'ailleurs, le Conseil a amorcé un travail dans cette optique qui consiste à étudier tous les manuels scolaires afin d'y analyser les représentations sexistes possibles, puis d'émettre nos recommandations. Il y a aussi certainement un travail à accomplir sur le plan de la formation des professeurs.» - Hélène Charron, chercheuse au Conseil du statut de la femme et coauteure du rapport annuel Le portrait des Québécoises en huit temps. 

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