Psychologie

Le Web: la fin du français?

Le Web: la fin du français?

Auteur : Coup de Pouce

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Le Web: la fin du français?

Le français à l'ère numérique: bon ou mauvais?

Nos communications numériques (courriels, textos, etc.) nous donnent-elles carte blanche pour mal écrire? Patrick Drouin, professeur en traduction à l'Université de Montréal et responsable du volet nord-américain du projet Texto4Science, est d'avis qu'on entretient des idées préconçues à ce sujet: «Concernant les messages texte (textos), je crois qu'il s'agit plutôt d'un code parallèle que les jeunes, entre autres, maîtrisent très bien. Pour être capable de créer des abréviations, de tronquer des mots, il faut connaître le mot en question ou maîtriser la langue», explique-t-il.

Et les courriels? «Je contacte par courriel des gens qui m'envoient des textos pour le projet et je vois que leur français est tout à fait acceptable, sinon exemplaire, et que ce n'est pas le même que celui des textos.» Sylvie Pelletier, qui est tutrice au baccalauréat en communications à la Téluq (université à distance de l'UQÀM) depuis plus de 25 ans et qui échange principalement par courriel avec ses étudiants depuis l'an 2000, donne pour sa part un autre son de cloche: «Si je constate moins de fautes d'orthographe dans les courriels depuis l'apparition des correcteurs orthographiques, la grammaire et la syntaxe sont loin de s'être améliorées. L'exemple le plus éloquent est sans doute l'accord du participe passé avec les verbes être et avoir. Ceux qui ignorent la règle prennent le raccourci de tout mettre à l'infinitif. Du côté de la syntaxe, je sens que, pour plusieurs, essayer d'organiser une phrase qui soit logique et cohérente est un exercice particulièrement difficile et laborieux. Certains font aussi des erreurs surprenantes. Dernièrement, j'ai vu l'expression en somme devenir en somment», ajoute-t-elle. Conclusion? Qu'on prenne la plume ou le clavier pour écrire un mot, on devrait le faire avec autant d'application.  

La nouvelle orthographe, pour ou contre?

Depuis l'an dernier, une réforme de l'orthographe a suscité de nombreux débats. Nécessaires, pertinents, utiles, ces changements? Voici l'avis de deux spécialistes.

POUR. Chantal Contant est linguiste. Elle est l'auteure du Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée: cinq millepattes sur un nénufar.

Bonne ou mauvaise, la réforme? C'est une bonne chose parce que les quelques règles mises en place régularisent plusieurs centaines de mots et apportent plus de cohérence. La langue a toujours évolué. Si on lisait Molière comme il écrivait au XVIIe siècle, on aurait, par bouts, de la difficulté à le comprendre.

Ne devrait-on pas viser que les gens améliorent leur français au lieu de leur proposer une langue plus facile? Certains aspects sont facilités par les rectifications, comme les mots cure-dent(s) et brise-glace(s), dont le second élément prend la marque du pluriel lorsque le mot est au pluriel. Toutefois, le but n'était pas de faciliter pour faciliter, mais d'apporter plus de cohérence et de rigueur.

Quels éclaircissements pourraient permettre une meilleure compréhension de la nouvelle orthographe? Les rectifications sont limitées: il y a tout au plus une douzaine de règles à connaître. Pour se familiariser avec elles, on peut consulter le site La nouvelle orthographe ou lire Les Rectifications de l'orthographe du français (ERPI).

CONTRE. Marie-Éva de Villers est linguiste et lexicologue. Elle est l'auteure du Multidictionnaire de la langue française.

Bonne ou mauvaise, la réforme? Je trouve très bien les règles qui portent sur la création des nouveaux mots, la francisation des mots empruntés à d'autres langues et le pluriel des noms composés. Toutefois, ces rectifications ne touchent que l'orthographe d'usage, à une exception près, et ce qui est compliqué en français, ce n'est pas le mot tel qu'il figure au dictionnaire, mais l'orthographe grammaticale, notamment l'accord de l'adjectif avec le nom, l'accord du verbe avec le sujet et l'accord du verbe avec le participe passé.

Quelle serait votre principale critique à l'endroit de cette nouvelle orthographe? Elle ne simplifie pas pour la peine et cause beaucoup de confusion et d'inquiétude. À côté de l'orthographe classique, on tolère 2 000 variantes orthographiques qui, dans certains cas, créent de nouvelles exceptions. Par exemple, l'adjectif mûr au masculin conserve son accent circonflexe pour le distinguer du nom mur, mais au féminin, il le perd. Ce qui donne un fruit mûr, mais une pomme mure. Et le fruit, la mure, le perd aussi. Les deux mots au féminin ont donc la même forme, mais deux significations différentes. Une règle serait simplificatrice si elle était appliquée dans tous les cas.

Des chiffres... et des lettres!

  • À l'échelle de la province, 82 % des Québécois parlent le français à la maison. À Montréal, cette proportion est de 54 %. D'après le dernier recensement (2006), les allophones vivant au Québec ont davantage adopté le français que l'anglais comme principale langue d'usage au foyer.
  • 60 % des nouveaux arrivants connaissent le français à leur arrivée.
  • Des 800 000 Québécois analphabètes, 74 % sont francophones.
  • 17 % des cégépiens francophones n'ont pas réussi l'épreuve de français de 2008-2009 nécessaire à l'obtention de leur DEC. Il s'agit d'un des plus forts taux d'échec à cette épreuve en dix ans.
  • Plus de 60 000 Québécois participent tous les ans à la Dictée des Amériques.
  • Gomme, saucette et relâche font partie des quelques mots d'ici qui figurent au Petit Larousse illustré 2010.

 

Envie d'aider?

Le français nous tient à coeur et on a envie de consacrer un peu de temps à cette cause? Voici trois suggestions.

  • Pour les créatives sans frontières: Initier et coordonner des créations littéraires illustrées avec et pour les jeunes de la francophonie, c'est l'aventure à laquelle nous convie l'Association pour la création littéraire chez les jeunes (ACLJ). À titre de bénévole, on peut accompagner directement des jeunes de notre communauté ou participer à l'administration des projets de l'ACLJ. Comme l'ACLJ privilégie les échanges via Internet, les collaborations sont sans frontières.
  • Pour celles qui aiment lire aux enfants: J'apprends avec mon enfant (JAME) oeuvre dans divers arrondissements de Montréal. Comme bénévole, on peut soit être jumelée à un enfant de 5 à 9 ans à qui on fera la lecture à domicile, soit animer des ateliers de lecture en bibliothèque pour un groupe d'enfants. 
  • Pour les pédagogues dans l'âme: Si on a envie d'accompagner de près des adultes ou des jeunes aux prises avec des difficultés en alphabétisation, on peut se tourner vers le Collège Frontière. L'organisme, qui donne à ses bénévoles une formation complète et continue, propose aussi d'autres activités, comme l'aide aux devoirs ou l'animation de cercles de lecture. 

Trois outils indispensables pour mieux écrire

Pour nous aider à mieux écrire, il existe une foule de dictionnaires et de correcteurs informatiques. En voici trois indispensables!

  • Le logiciel Antidote HD

On a aimé: la possibilité d'éditer notre texte dans la fenêtre du correcteur, sans avoir à retourner au document d'origine; la technologie Anti-Oups, qui signale les fautes de français dans nos courriels et empêche l'envoi d'un courriel dont le document attaché serait manquant.

Notre avis: Avec ses 12 grands dictionnaires et ses 11 guides linguistiques, il excelle dans sa catégorie et convient à tous ceux qui rédigent des textes.

Combien et où: 129,95 $; infos: Druide Informatique

  • La Banque de dépannage linguistique en ligne 

 On a aimé: les liens hypertextes vers des sujets connexes; et la possibilité de choisir entre l'index alphabétique et l'index thématique.

Notre avis: Tout indiquée pour trouver réponse à une question précise de grammaire, d'orthographe, de syntaxe, de ponctuation, de prononciation ou de rédaction. Un outil pratique, pour tous!

Combien et où: gratuit, sur Internet.

  • Le Multidictionnaire

On a aimé: la clarté des notes explicatives sous les termes comportant des difficultés ou des particularités; les précisions sur les usages propres au Québec.

Notre avis: Comme il se base sur l'usage réel de la langue, il répond de façon pertinente à nos questions les plus fréquentes sur les multiples facettes de l'écriture du français.

Combien et où: 54,95 $, en librairie.

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